Le tragique incendie en plein centre de Johannesburg qui a coûté la vie à plus de 70 personnes, faisant les gros titres internationaux, met en lumière la situation précaire des démunis, des réfugiés et des migrants économiques en Afrique du Sud aujourd’hui.
Beaucoup parmi les disparus étaient des étrangers, certains en situation irrégulière, venus à la prétendue « »Cité de l’Or » » dans l’espoir d’une vie meilleure. Une grande majorité étaient sans emploi et vivaient au jour le jour, en vendant des articles dans la rue ou en trouvant du travail occasionnel. Leur logement surpeuplé de cinq étages était ce qu’on appelle un « »Mnyama ndawo » », un « »lieu obscur”, l’un des bâtiments abandonnés et en ruine de Johannesburg, dépourvus d’eau, de sanitaires et d’électricité, où les ordures s’entassent et les rats courent à travers l’eau stagnante. De nombreux résidents paient un loyer à des groupes criminels, et les vols et les agressions sont monnaie courante
Pourquoi des personnes abandonnent-elles leur maison ou leur pays d’origine pour vivre dans des conditions pareilles ? L’appel de Lambeth sur l’environnement et le développement durable souligne certains des problèmes qui poussent les gens à quitter leurs foyers à la recherche d’une vie meilleure.
Cet appel nous permet de prendre conscience que les populations migrent en raison des « »difficultés persistantes du quotidien et des catastrophes imprévues, souvent liées aux conflits, crises économiques et changements climatiques provoquant sécheresse, élevation du niveau de la mer, inondations et incendies.” Et une difficulté en cache souvent une autre ; par exemple, des années de sécheresse peuvent conduire à une flambée des prix de la nourriture et à des troubles politiques.
Comment pouvons nous lutter contre ces problèmes ?
Notre première action est de développer des communautés résilientes, c’est à dire, pour reprendre les mots de l’appel, “exploiter nos talents et ressources pour bâtir des communautés résilientes, durables et justes, conformément à la vision des Objectifs de Développement Durable (ODD) telle qu’illustrée par les Cinq Marques de la Mission.”
Qu’est-ce que cela implique ?
Une communauté résiliente peut s’initier à des méthodes d’irrigation économes en eau pour produire de la nourriture même en périodes de sécheresse. Ils peuvent aussi planter des arbres ou des mangroves pour diminuer les risques d’inondations et renforcer la sécurité alimentaire.
Toutefois, en tant que pays accueillant des migrants et les populations rurales défavorisées, nous devons aussi promouvoir les Cinq Marques de la Mission, et notamment leur message de « »réinventer notre monde, répondre par amour aux besoins humains, s’efforcer de transformer toutes structures injustes de la société, et œuvrer pour la sauvegarde de l’intégrité de la création… » »
Où est le corps du Christ lorsque nos sœurs et frères souffrent ?
En Afrique du Sud, nous sommes confrontés au péché de la xénophobie qui implique que les étrangers ne sont généralement pas accueillis dans nos communautés et se voient forcés de résider dans des ghettos insalubres. L’église se doit d’être un refuge pour toutes les nations, et pourtant il arrive fréquemment que des individus d’autres nationalités ne soient pas bien reçus. Nous devons être solidaires des pays voisins desquels les gens fuient lorsque la démocratie est menacée et où des élections, comme celle qui s’est tenue au Zimbabwe en août, ne sont ni libres ni justes.
De cette manière, nous sommes en mesure de “nous soutenir et nous encourager mutuellement à travers la Communion pour parvenir à une dignité humaine universelle et un plein épanouissement (Jean 10:10) dans un monde prospère.”
Informations complémentaires
Thabo Makgoba est l’Archévêque de Sud Afrique.
Consultez l’appel de Lambeth concernant l’environnement et le développement durable dans son intégralité ici
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