Réconciliation : Œuvrer pour la paix dans les zones de conflit au Nigeria

L’Église anglicane, où qu’elle soit dans le monde, prend à cœur les questions de réconciliation et de rétablissement de la paix. Les chefs et les membres des églises œuvrent avec dévouement au service d’une vie en paix entre communautés, ainsi qu’au soutien des victimes de conflits partout dans le monde. Ce « dévouement en action » est une façon de témoigner concrètement de l’amour de Dieu pour le monde. Certains représentants de la Communion anglicane associent le rétablissement de la paix à la résolution des conflits liés à des enjeux environnementaux…

Selon Nicholas Pande, responsable de projet auprès du Conseil des provinces anglicanes d’Afrique (CAPA pour : « Council of Anglican Provinces in Africa »), des enjeux environnementaux, tels que le manque de ressources, qui mettent en péril la subsistance des populations est un des éléments catalyseurs des conflits dans beaucoup de régions en Afrique. Il affirme toutefois que les responsables des églises anglicanes jouent un rôle essentiel dans les efforts déployés pour instaurer la paix dans ces régions.

Dans le cadre de ses fonctions liées notamment aux questions de sécurité alimentaire, de résilience et de réponse aux catastrophes, de santé, de conservation de l’environnement et de lutte contre le changement climatique, Nicholas Pande travaille, entre autres, avec les évêques anglicans à travers l’Afrique pour trouver des solutions aux conflits.

Il explique : « Nous adoptons une approche multisectorielle pour réfléchir à ces enjeux et les mettre sous les feux de la rampe. Le changement climatique est à l’origine de beaucoup de conflits dans le continent africain. Ces conflits émanent le plus souvent de communautés pastorales, constituées essentiellement d’éleveurs de bétail, qui sont confrontés au rétrécissement des zones de pâturages à cause notamment du manque de sources d’eau. Alors qu’ils feraient normalement paître leur bétail dans leurs terres natales, ils en arrivent à un point où ils doivent migrer vers d’autres terres, voire traverser les frontières pour aller chercher de nouveaux pâturages pour leur bétail, ce qui crée des situations de conflit avec d’autres communautés et d’autres pays ».

« Ce phénomène est plus évident dans la corne de l’Afrique, où il est à l’origine de conflits entre des communautés pastorales en quête de pâturages pour leur bétail. Le problème, c’est qu’il s’agit de conflits armés étant donné que ces communautés possèdent des armes à feu pour protéger leur bétail. »

Il ajoute par ailleurs que des conflits similaires, catalysés par le tarissement de ressources, sont également répandus en Afrique de l’Ouest dans la région du Sahel, en particulier dans le centre du Nigeria.

« Ils font paître le bétail dans des terres ou sur des cultures d’autrui, entraînant ainsi de nombreux conflits au Bénin et au Nigeria. La tribu Fulani est une immense communauté en Afrique de l’Ouest. C’est la plus grande tribu nomade dans le continent à cause du tarissement des ressources. »

L’évêque de Makurdi, au Nigeria, le révérend Nathan Inyom, dit que le conflit et les affrontements entre fermiers et éleveurs de bétail a provoqué le déplacement de près d’un million de personnes au cours de la dernière décennie dans sa région, dans le centre du Nigeria. Lui-même, ainsi que sa femme et un membre du personnel ont été victimes d’une attaque violente il y a quelques années, dans laquelle sa voiture a été volée, mais personne n’y a été blessé.

« Beaucoup ont dû fuir leurs habitats ancestraux », précise l’évêque Nathan. « Cette région est surtout agricole et les trois quarts des habitants en dépendent. Les éleveurs les ont attaqués pour s’emparer des terres agricoles pour leur bétail. »

Il ajoute que beaucoup de ces éleveurs étaient armés et semaient la terreur chez les villageois, qui, devenus sans-abri, ont fini par s’installer dans des camps de réfugiés.

« J’ai grandi dans cette région, les terres sont très fertiles ; c’est pourquoi les éleveurs tiennent à y faire paître leur bétail. L’église n’a ménagé aucun effort pour tenter d’apporter des solutions équitables et pacifiques dans la région », a-t-il déclaré.

L’évêque Nathan est membre du conseil de sécurité de l’État de Benue et fait partie de la commission Justice et Paix de l’Église du Nigeria. Il dit qu’ils tentent de créer des terrains d’entente à travers le dialogue entre les différentes communautés, en dépit du fait que certains des miliciens sont des combattants engagés pour défendre les éleveurs et qu’ils ne croient pas au dialogue. Malgré cela, il ajoute qu’ils travaillent avec l’Église et l’État au niveau national et régional pour tenter d’intervenir et de rapprocher les deux parties.

L’évêque a contribué à la résolution du conflit en faisant collaborer diverses parties prenantes ainsi que des chefs religieux. Il précise encore une fois que les questions environnementales, comme le manque d’eau, sont en partie la cause du problème, notamment en contraignant les éleveurs à s’installer dans les zones agricoles fertiles.

« Nous recherchons des gens à même de s’associer avec nous pour nous aider à mieux faire entendre notre voix, à être plus actifs dans la construction de la paix et à faire face à la situation sur le terrain. Le dialogue est une des approches, mais il faudrait également réfléchir aux facteurs environnementaux et les prendre en compte pour s’attaquer aux problèmes de conflit. »

L’évêque Nathan est auteur de deux livres sur la résolution des conflits au Nigeria. Selon lui, les trois étapes clés du processus de construction de la paix et de résolution des conflits sont : la prise de conscience de la situation, l’exploration de nouvelles voies de résolution et la volonté de faire quelque chose pour changer les choses. L’évêque travaille également avec la CAPA en tant que médiateur en faveur de la résolution des conflits et de la paix en Afrique et a accepté de représenter le Nigeria dans le cadre d’un projet des Nations unies sur la consolidation de la paix et les affaires religieuses, suite à l’appel lancé par le Palais de Lambeth.

Il dit : « Je suis très optimiste quant à l’avenir et j’espère parvenir à une paix durable. Nous devons multiplier les efforts de dialogue et agir à plus grande échelle, en y faisant participer les différentes parties sans exclusion. J’ai bon espoir de trouver des solutions durables. »

Photos:

Photo d’archives de l’évêque Nathan. Plus des images d’archives de conflits dans la région du Sahel.

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