Comment la réparation de bicyclettes m’a appris à faire des disciples, moi qui suis maintenant évêque

Selon l’évêque de Malaisie occidentale, faire des disciples devrait être le premier souci de tout chrétien. Il dit avoir acquis le sens réel du discipulat en regardant son père lui apprendre à réparer des bicyclettes.

Le Révérend Moon Hing est le 4e évêque du diocèse de Malaisie occidentale et ancien archevêque d’Asie du Sud-Est. Il a été engagé dans l’implantation d’églises et les activités de discipulat pendant plusieurs décennies et est à présent Coordinateur d’initiatives anglicanes de discipulat au sein de la Communion anglicane.

Il s’est entretenu avec l’équipe de la Conférence de Lambeth sur ce que signifiait pour lui le fait d’être disciple et sur le fait qu’il est plus important que jamais de faire vivre la foi pour donner l’exemple aux autres.

« Je suis convaincu que la vie de disciple doit être le principal objectif de tout chrétien. Et particulièrement en ces temps de pandémie, de lutte et d’incertitude. Le mieux, c’est de se lancer dans la vie de disciple et de faire des disciples. Il n’y a pas meilleur moment que celui-ci. » Le discipulat lui a été inculqué depuis son plus jeune âge, il y a plus de 40 ans, a-t-il ajouté.

Comment avez-vous appris à être un disciple ?

Le mot « disciple » signifie : « apprenant ». Mon père avait un petit atelier de réparation de bicyclettes et je me souviens que, quand j’avais neuf ou dix ans, il nous demandait de nous approcher de lui, mes frères et moi, et nous disait : « Accroupissez-vous à côté de moi et regardez bien comment je répare et assemble les bicyclettes ». Je me souviens très bien qu’il nous montrait comment fixer les rayons sur une roue de vélo, puis comment l’équilibrer. Il disait : « Faites ceci et cela, regardez ici et là et vous équilibrerez cette roue ». Puis il se levait et disait : « C’est à vous de faire maintenant ! ». Chacun de nous s’accroupissait alors et faisait ses essais… C’est comme ça qu’on apprenait et qu’on se forgeait. Et finalement, nous avons grandi en apprenant à réparer des bicyclettes. Voilà une partie importante du parcours de disciple que mon père nous a fait suivre. D’ailleurs, je peux toujours réparer des bicyclettes !

« C’est comme cela qu’on inculque les connaissances. Donc, j’ai apporté cette façon de faire à mon église. Lorsque j’étais prêtre, j’avais chaque année des étudiants en théologie pour deux mois d’apprentissage pratique sous ma responsabilité. Je leur disais toujours : « Vous n’avez pas besoin d’apprendre quoi que ce soit sur l’Église. Si vous apprenez quelque chose sur l’église, c’est un plus, mais vous devez plutôt apprendre en observant comment je pratique mon ministère, comment je mène ma vie de famille, comment je gère mon temps libre, comment je me recueille, comment je prépare mes sermons et comment je réagis à une situation d’urgence ». Ils observaient donc ma vie pendant deux mois, en se logeant chez moi. Voilà mon style de discipulat que j’ai adopté pendant plus de 30 ans… Je les faisais observer comment je menais ma vie. Tout n’était pas parfait bien entendu. C’est une entreprise très délicate, ils partageaient notre vie, ils pouvaient alors facilement nous critiquer. »

« Au début, j’ai pensé qu’en faisant cela, très peu de gens voudraient entrer dans le ministère à cause des défis difficiles à relever. Mais contre toute attente, au cours de mes 20 ans de ministère paroissial, j’ai implanté 50 églises, et j’ai formé six personnes pour assurer la gestion du ministère. Ainsi, lorsque je suis devenu évêque, ils ont pris la relève et sont maintenant à même de gérer eux-mêmes leurs paroisses. »

L’évêque Moon Hing a dit : « Faire des disciples, ce n’est pas seulement croire à la Grande Commission donnée par Jésus : « Allez et faites des disciples », mais c’est aussi quelque chose qui doit être transmis au plus profond du cœur, des bras et des membres, et sur lequel nous devons travailler. » Il pense que le pastorat devrait être plus que de prendre soin des « brebis » et de faire des disciples. « Nous devrions dire que le pastorat implique de faire des disciples et de faire des faiseurs de disciples ; la personne qui sait non seulement faire d’eux des disciples, mais aussi des faiseurs de disciples. »

« Je pense que faire des disciples, ce n’est pas seulement faire paître des moutons. Je vois un faiseur de disciples comme quelqu’un qui est capable de pêcher tout seul et d’apprendre aux autres à pêcher »

Comment l’église peut-elle être plus efficace dans la formation de disciples ?

L’évêque Moon Hing croit que pour favoriser la formation de disciples, il faudrait revoir les programmes des écoles bibliques et des séminaires, en les axant davantage sur l’interprétation des Écritures et sur la manière de faire des disciples. Il a également réitéré l’importance de la formation au niveau des paroisses.
« Nous nous efforçons de servir les gens dans nos paroisses, de prendre soin d’eux, de subvenir à leurs besoins, de les aider dans leurs problèmes, mais nous négligeons de les former. Ma mère me disait que si la maman est très bonne en cuisine, les enfants le seraient moins s’ils comptent toujours sur elle et qu’ils ne font aucun effort en cuisine. Il ne faut donc pas se contenter d’avoir de bons cuisiniers, il faut aussi former de bons futurs cuisiniers qui savent comment s’y prendre pour apprendre, même en faisant des erreurs, et qui deviendront plus tard de bons cuisiniers. Dans l’église, je crois que nous ne sommes pas suffisamment formés à la délégation et au ministère en équipe, si bien que de nombreux prêtres se débrouillent seuls. Ce sont, je dirais, les « Cow-boy solitaire » et ce n’est pas toujours facile. »

Selon l’évêque Moon Hing, la culture des mangues peut illustrer la façon dont nous formons des disciples.
Selon lui : « En Malaisie, nous avons beaucoup de mangues et nous en cultivons beaucoup. Je pose souvent la question : « quel est le fruit d’un manguier ? » Et tout le monde répond : « la mangue », mais ce n’est pas une réponse complète. Tous sont des consommateurs de mangues et personne ne plante de manguiers. La réponse devrait normalement être : le fruit d’un manguier est un autre manguier, pas seulement une mangue à consommer. Si vous allez un peu plus loin dans cette réflexion, vous vous rendrez compte que le fruit d’un manguier est, en effet, toute une plantation de manguiers. C’est la même chose dans notre vie chrétienne, si vous faites un disciple et que vous le formez, vous savez que vous aurez au total deux de vous. Mais si vous allez encore plus loin, ce n’est pas seulement deux, ce sera des millions de personnes, parce que chacun est comme une graine de mangue… Et si un arbre peut produire une plantation, c’est la même chose pour les disciples. Un disciple en fera deux, quatre, six ou huit, et ainsi de suite, avant que vous ne vous rendiez compte que vous avez toute une foule de disciples. »

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